Assister à une rencontre entre Freud et Dieu, cela vous tenterait ?
C'est ce que vous propose Eric Emmanuel Schmitt dans sa pièce, Le Visiteur. Vous vous retrouverez le 22 avril 1938, au 19 rue Berggasse à Vienne, dans le cabinet du docteur Freud. Les troupes hitlériennes sont présentes en Autriche depuis le 11 mars, et Freud est consternée devant tant de monstruosités. Comment le monde a-t-il pu en arriver là ? Devrait-il s'enfuir avec sa fille ? Une mystérieuse rencontre, lors d'une nuit d'immense doute, vient bousculer sa conception des choses... Prendrez-vous le pari de l’Absurde… ou bien du Mystère ?
Croyant ou non, connaissant Freud ou non, cette pièce vous parlera. Elle mettra des mots sur de nombreuses réflexions qui vous ont pour sûr déjà traversé.
Alors sans hésiter, foncez vous la procurer ! Et pour ceux qui manquerait de temps, voilà un résumé de la pièce que j’ai agrémenté de mes extraits favoris :-)
Scène 1 : La pièce s’ouvre sur une discussion, entre Freud et sa fille, teintée de phrases qui nous font rire par leur justesse.
Freud : Ma petite fille doit aller dormir.
Anna (se réveillant, étonnée) : Où étais-je ?
Freud : Je ne sais pas… Dans un rêve.
Anna: Où va-t-on lorsque l’on dort ? Lorsque tout s’éteint, lorsqu’on ne rêve même pas ? Où est-ce qu’on déambule ? (…)
Freud : Tu es restée une petite fille. Les enfants sont spontanément philosophes, ils posent des questions.
Anna: Et les adultes ?
Freud : Les adultes sont spontanément idiots. Ils répondent.
Celle-ci me plaît aussi tout particulièrement :
Freud : C’est si peu réel….l’âge, c ’est abstrait, comme les chiffres… Cinquante, soixante quatre-vingt-deux ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Ça n’a pas de chair, ça n’a pas de sens, les nombres, ça parle de quelqu’un d’autre. Au fond de soi, on ne sait jamais l’arithmétique.
Anna : Oublie les chiffres ; eux ne t’oublieront pas.
Freud: On ne change pas Anna, c’est le monde qui change, les hommes qui se pressent, les bouches qui chuchotent, et les hivers plus froids, et les étés plus lourds, les marches plus hautes, les livres écrits plus petits, et les soupes qui manquent de sucre, l’amour qui perd son goût… C’est une conspiration des autres, car au fond de soi, on ne change pas. Vois-tu, le drame de la vieillesse Anna, c’est qu’elle ne frappe que des gens jeunes !
La légèreté de ce début s’envole ensuite aussitôt : Anna tente de convaincre son père qu’ils s’enfuient du pays. Mais celui-ci ne peut si résoudre.
Scène 2 : Un nazi fait irruption. Anna et Freud n’hésitent pas à se montrer des plus provocants à son égard.
Freud : Avez-vos trouvé ce que vous cherchiez ? Des documents antinazis je suppose ? Je vous dois une confidence : effectivement, vous n’auriez su les trouver là… car… les documents antinazis les plus importants sont conservés si, si… je vais vous le dire… (Prennent son temps)… ils sont conservés… (Freud désigne son crâne)… ici !
Anna (montrant son coeur) : Et là !
Nazi : Humour juif, je présume ?
Freud : C’est vrai, je ne savais plus que j’étais juif. Ce sont les nazis qui me l’ont rappelé. Ils ont bien fait ; c’est une aubaine de se retrouver juif devant les nazis. D’ailleurs, si je ne l’avais pas déjà été, j’aurais voulu le devenir. Par colère ! Méfiez-vous : vous allez déclencher des vocations.
Le Nazi parvient néanmoins à leur souscrire de l’argent.
Anna : Pourquoi leur donner encore ?
Freud : Pour avoir la paix.
Anna : Alors je ne conçois pas ce que serait la guerre.
Freud : Fais leur confiance. Ils ont plus d’imagination que toi.
Et il finit par emporter Anna à la Gestapo.
Scène 3 : Freud se décide alors à commencer la rédaction de ce fichu papier qui leur permettrait de s’en aller…
Freud écrit : « Je soussigné, professeur Freud, confirme qu’après l’Anschluss de l’Autriche avec le Reich allemand, j’ai été traité par les autorités allemandes, et la Gestapo en particulier, avec tout le respect et la considération dus à ma réputation scientifique, que j’ai pu vivre et travailler en pleine liberté, que j’ai pu continuer à poursuivre mes activités de la façon que je souhaitais, que j’ai pu compter dans ce domaine sur l’appui de tous, et que je n’ai pas la moindre raison de me plaindre. »
Puis il ajoute sur un ton ironique : « Post-scriptum : Je puis cordialement recommander la Gestapo à tous ! »
Il se refuse finalement à signer, et se prend la tête entre les mains, désespéré.
Scène 4 : Un inconnu apparaît.
Freud : Qui êtes-vous ?
L’Inconnu : Vous ne me croiriez pas.
Freud est profondément troublé, il voudrait que cet homme s’en aille. S’il est un voleur, il n’y a plus d’argent ; et s’il est un malade, Freud n’a pas la tête à consulter…
L’Inconnu le coupe soudainement : Elle reviendra. (Freud a un regard interrogatif). Anna. Ils la garderont peu de temps. Ils savent très bien qu’ils ne peuvent pas la garder. Et vous la tiendrez dans vos bras lorsqu’elle reviendra, et vous l’embrasserez avec ce bonheur qui n’est pas loin du désespoir, avec ce sentiment que la vie ne tient qu’à un fil, un fil si étroit, si mince, et que le fil se trouve, provisoirement retendu... C’est cette fragilité-là qui donne la force d’aimer...
Freud : Mais qui êtes-vous ?
Face à cet inconnu qui se révèle des plus intrigants, Freud se décide à l’allonger sur le sofa afin de lui poser quelques questions (comme il le ferait avec ses patients ordinaires).
Freud : Quel est votre nom ? Le nom de votre père.
L’Inconnu : Je n’ai pas de père.
Freud : Votre prénom ?
L’Inconnu : Personne ne m’appelle.
Freud : Avez-vous confiance en moi ?
L’Inconnu : Parfaitement, c’est vous qui ne me croyiez pas.
Freud finit par perdre patience et demande à l’inconnu de lui raconter un rêve, n’importe lequel. L’étranger relate alors un évènement vécu par Freud lorsqu’il était enfant… Événement que Freud n’avait pourtant jamais écrit ou bien même raconté à quiconque… (Ce souvenir m’a beaucoup fait penser à la première rencontre avec l’Absurde, à la première séparation d’un homme et du décor au milieu duquel il évolue.)
L’Inconnu : « J’avais cinq ans, et à cette époque le ciel avait toujours été bleu, le soleil jaune, et les bonnes chantaient du matin au soir en laissant échapper de leurs seins entrouverts un parfum de vanille. Et puis un jour je restai seul dans la cuisine de la maison. C’était une vaste pièce dont tous les meubles étaient collés aux murs, agrippés, comme pour fuir l’immense espace vide où les carreaux blancs et rouges dessinaient des chemins fuyant de toutes parts.
D’ordinaire, c’était mon terrain d’aventures : à quatre pattes, on pouvait courir entre les jambes des domestiques, récupérer des bouts de lard ou lécher des fonds de plats à gâteaux... Pourquoi tout le monde était-il sorti ce jour-là ? Je ne sais pas, c’est une question d’adulte, je ne l’avais pas remarqué, j’étais là, assis sur les carreaux rouge brûlé et blanc perdu.
Chaque carreau révélait un monde ; il n’y a que pour les adultes que les carreaux constituent platement un sol ; pour un enfant, chaque carreau a sa physionomie particulière. Celui-ci, dans le relief de ses irrégularités et la variation de ses coulées, racontait l’histoire d’un dragon qui se tenait, la gueule ouverte, au fond d’une grotte ; un autre montrait une procession de pèlerins ; un autre un visage derrière une vitre tachée de boue, un autre... La cuisine était un monde immense où venaient affleurer d’autres mondes, montant d’ailleurs, par les yeux borgnes des carreaux.
Et puis soudain, j’ai appelé. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être pour m’entendre exister, et pour voir arriver quelqu’un. J’ai appelé. Il n’y eut que le silence.
Les carreaux devinrent plats. Ils se taisaient. Le fourneau s’était endormi. La cheminée, où d’habitude ronronnait toujours une casserole, semblait morte.
Je criais. Et ma voix montait au premier, au second retentissait entre les murs vides où il n’y avait nulle oreille pour l’entendre. Et ma voix montait, montait... Et l’écho ne m’en revenait que pour faire mieux entendre le silence. La cuisine était devenue étrangère, une juxtaposition de choses et d’objets, un sol bien propre. Le monde et moi, nous étions séparés désormais. Alors j’ai pensé. Je suis Sigmund Freud, j’ai cinq ans, j’existe ; il faudra que je me souvienne de ce moment-là.
Puis l’Inconnu ajoute en s’adressent à Freud : Et tu as pensé aussi, mais sans le formuler cette fois-ci, « Et la maison est vide quand je crie et je pleure. Personne ne m’entend. Et le monde est cette vaste maison vide où personne ne répond lorsqu’on appelle. » Et bien je suis venu te dire que c’est faux ! Il y a toujours quelqu’un qui t’entend. Et qui vient.
Freud est abasourdi. Alors cet homme… serait Dieu ?
Scène 5 : Le Nazi revient. La Gestapo est à la recherche d’un fou, échappé de l’asile. Il explique aussi vouloir plus d’argent, et cela en échange de son silence au sujet des comptes à l’étranger de Freud. Cela permettrait par ailleurs d’adoucir l’interrogatoire d’Anna…
Scène 6 : Le Nazi part un instant, l’Inconnu refait surface. Il conseille à Freud de retourner la situation. Mais comment ?
Scène 7 : Freud parvient (de manière très drôle) à persuader le Nazi qu’il a des grands-parents juifs… Celui-ci, terrorisé, s’en va.
Scène 8 : Nos deux personnages continuent leur débat quant l'identité de cet inconnu, c'est-à-dire quant à l’existence de Dieu. L'intensité des échanges montent peu à peu. Freud s'emporte. Oui. S'il avait Dieu en face de lui, il lui demanderait des comptes ! Il lui demanderait de regarder à la fenêtre, et de lui expliquer l’origine de tout ce mal ! Pourquoi cette guerre ? Pourquoi tant de morts ? Pourquoi tant de douleur ?
Freud : Dieu sait-il que le mal court les rues en bottes de cuiret talons ferrés, à Berlin, à Vienne, et bientôt dans toute l’Europe ? Dieu sait-il que la haine a désormais son parti où toutes les haines sont représentées : la haine du juif, la haine du tzigane, la haine de l’efféminé, la haine de l’opposant ?
Il accuserait aussi Dieu de nous avoir dotés d’un esprit aussi limité.
Freud : Plus grave, oui, la fine pointe du mal, ce dont toute une existence ne console pas, c’est cet esprit, borné, limité, que l’intelligence même a rendu imbécile. Il semblerait que Dieu nous ait donné un esprit uniquement pour que nous touchions ses limites ; la soif sans la boisson. On croit que l’on va tout comprendre, tout connaître, on se croit capable des rapprochements les plus inouïs, des échafaudages les plus subtils, et l’esprit nous lâche en route. Nous ne saurons pas tout. Et nous ne comprendrons pas grand-chose. Vivrais-je trois cent mille ans encore que les étoiles, même nombrées, demeureraient indéchiffrables, et que je chercherais toujours ce que je fais sur cette terre, les pieds dans cette boue !
L’Inconnu : Et Dieu vous répondrait sans doute ceci : « Si tu pouvais voir, comme moi, à l’avance, le ruban des années à venir, tu serais plus virulent encore, mais tu détournerais ton accusation vers le vrai responsable. »
Dieu explique alors qu’il a créé l’homme libre. Mais que l’homme, enfermé par son orgueil, est la cause de tout ce mal.
L'inconnu : « Il fut un temps où l’orgueil humain se contentait de défier Dieu ; aujourd’hui, il le remplace. Il y a une part divine en l’homme; c’est celle qui lui permet, désormais, de nier Dieu. Vous ne vous contentez pas à moins. Vous avez fait place nette : le monde n’est que le produit du hasard, un entêtement confus des molécules ! Et dans l’absence de tout maître, c’est vous qui désormais légiférez. Être le maître...! Jamais cette folie ne vous prendra le front comme en ce siècle.
Le maître de la nature: et vous souillerez la terre et noircirez les nuages !
Le maître de la matière: et vous ferez trembler le monde !
Le maître de la politique : et vous créerez le totalitarisme !
Le maître de la vie: et vous choisirez vos enfants sur catalogue !
Le maître de votre corps : et vous craindrez tellement la maladie et la mort que vous accepterez de subsister à n’importe quel prix, pas vivre mais survivre, anesthésiés, comme des légumes en serre !
Le maître de la morale: et vous penserez que ce sont les hommes qui inventent les lois,et qu’au fond tout se vaut, donc rien ne vaut !
Alors le Dieu sera l’argent, le seul qui subsiste, on lui construira des temples de partout dans les villes, et tout le monde pensera creux, désormais, dans l’absence de Dieu.
Au début, vous vous féliciterez d’avoir tué Dieu. Car si plus rien n’est dû à Dieu, tout revient donc à l’homme. Au début, la vanité ne connaît pas l’angoisse. Vous vous attribuerez toute l’intelligence. (…)
Mais Freud, et cela, tu ne le vois pas encore, le monde entier se sera privé de la lumière. Quand un jeune homme, un soir de doute comme cet âge en connaît tant, demandera aux hommes mûrs autour de lui: « S’il vous plaît, quel est le sens de la vie ? », personne ne pourra lui répondre. Ce sera votre œuvre. À toi et à d’autres.
Voilà ce que vous ferez, les grands de ce siècle : vous expliquerez l’homme par l’homme, et la vie parla vie. Que restera-t-il de l’homme ? Un fou dans sa cellule, jouant une partie d’échecs entre son inconscient et sa conscience ! Après toi, définitivement, l’humanité sera seule dans sa prison. Oh, toi, tu as encore l’ivresse du conquérant, de ceux qui défrichent, de ceux qui fondent... mais pense aux autres, ceux qui naîtront: que leur auras-tu laissé comme monde ? L’athéisme révélé ! Une superstition encore plus sotte que toutes celles qui précèdent !
Freud n’est pas convaincu par le discours de l’inconnu, il reste persuadé que l’homme qui se tient face à lui est l’échappé de l’asile dont lui as parlé le nazi...
Freud : Si vous êtes Dieu, prouvez-le ! Je ne crois que ce que je vois.
L’inconnu : Vous me voyez.
Freud : Je ne vois qu’un homme.
L’inconnu : Il a bien fallu que je m’incarne ! Si je m’étais manifesté en araignée ou en pot de chambre, nous ne serions pas sortis de l’auberge.
Et les deux hommes finissant par se disputer.
Freud : Vous n’êtes qu’un sadique qui jouit de ma faiblesse !
L’inconnu : S’’il n’y avait pas ta faiblesse, par où pourrais-je entrer ?
Scène 9 : Le Nazi revient. Il explique que la Gestapo à retrouver le fou échappé de l’asile qu’il cherchait auparavant…
Scène 10 : Freud, perplexe, demande à l’inconnu ce qu’il est venu chercher ce soir. Est-il venu pour le convertir ? Non, il est venu sur Terre par ennui.
L’Inconnu : Croyez-vous que ce soit un sort enviable d’être Dieu ? (Il s’assoit, les jambes élégamment croisées.) J’ai tout, je suis tout, je sais tout. Rond, rassasié, plein comme un œuf, gavé, écœuré depuis l’aube du monde ! Que pourrais-je bien vouloir que je n’aurais pas ? Rien, sauf une fin ! Car je n’ai pas de terme... ni mort ni au-delà... rien... je ne peux même pas croire en quelque chose, à part en moi... Sais-tu ce que c’est, l’état de Dieu ? La seule prison dont on ne s’évade pas.
Mais alors si cet inconnu est vraiment Dieu, comme il semble le présenter, pourquoi laisse-t-il faire tout ce mal ? Ce dernier lui explique avoir perdu sa toute-puissance en ayant fait l’homme libre. Libre pour le bien, comme pour le mal…
Freud : Alors pourquoi l’avoir fait ce monde ?
L’Inconnu : Pour la raison qui fait faire toutes les bêtises, pour la raison qui fait tout faire, sans quoi rien ne serait... par amour. Tu baisses les yeux, mon Freud, tu ne veux pas de ça, hein, toi, un Dieu qui aime ? Tu préfères un Dieu qui gronde, les sourcils vengeurs, le front plissé, la foudre entre les mains ? Vous préférez tout ça, les hommes, un Père terrible, au lieu d’un Père qui aime, qui pleure, qui souffre. Tu voudrais un Dieu devant qui on se prosterne mais pas un Dieu qui s’agenouille...
Nos personnages sont soudainement coupés par un chant nazi provenant de l’extérieur. Si seulement la bêtise pouvait toujours être laide… L’inconnu explique avoir vraiment été touchée une fois par la beauté des hommes. Une seule fois. Et il s’agissait de... « Mozart. À vous faire croire en l’homme. »
Scène 11 : Anna est de retours. La Gestapo l’a libérée. Freud voudrait lui faire rencontrer l’inconnu… mais il a disparu… Anna est persuadée que son père a rêvé cette rencontre, et part préparer une tisane.
Scène 12 : L’inconnu réapparait.
Freud : Où étiez-vous ?
L’inconnu : Les nécessités de l’incarnation physique. Un phénomène fascinant : j’avais l’impression d’être devenu une fontaine.
Freud souhaite que le Visiteur parle à sa fille.
L’inconnu : Si elle est aussi têtue que vous, la nuit risque d’être longue.
Scène 13, 14 et 15 : Anna reconnait l’Inconnu. Il s’agit d’un homme qui lui avait fait des avances quelques jours auparavant. L’inconnu ne sait comment réagir… Il n’a peut-être pas choisi le meilleur corps pour se réincarner…
Scène 16 : L’inconnu décide alors de s’en aller par la fenêtre. Mais non ! Freud voudrait qu’il disparaisse devant ses yeux.
L’inconnu : Ça y est, Freud : le doute ! Tu doutes de nouveau. (…) Un dieu qui se manifesterait clairement comme Dieu ne serait pas Dieu mais seulement le roi du monde. Je m’enveloppe d’obscur, j’ai besoin du secret ; sinon, que vous resterait-il à décider ? (…)
Jusqu’à ce soir, tu pensais que la vie était absurde. Désormais tu sauras qu’elle est… mystérieuse.